Suite à Lettres au Gourou – #OKCinfo

Ce texte est une analyse a posteriori des évènements relatés dans l’article « Lettres au Gourou« , il a été rédigé par une des personnes étant à la base d’Attitude Collégiale.

Cette action collective a eu plusieurs effets, et certainement pas celui qui était escompté. Chacun des concernés trouvera un écho de ce que cela lui a valu. Malgré tout, il me semble qu’il y a quelques généralités remarquables.

 Tout d’abord, l’échec. Nous n’avons pas réussi, dans notre arrogance naïve, à couper ces deux personnes de l’influence délétère de ce monsieur, que nous répudions alors grâce à cette action avec une intensité comme propitiatoire. C’était un acte symbolique éminemment personnel, et finalement, ces deux individus que nous cherchions à « sauver » n’avaient, selon leur entendement, nullement besoin de secours. Nous leur sommes apparus comme des privateurs de libre-arbitre, des arrogants qui avaient la prétention de choisir pour eux. Pas la meilleure des positions pour leur parler et tenter leur faire comprendre ce que nous pensions avoir compris de cette expérience commune ! Ils nous ont d’ailleurs fait part, à l’occasion d’une (courte) visite subséquente, de leur indignation et de leur douleur morale. Cette visite a été le seul résultat tangible de ce coup de pied dans la fourmilière.

 Cette thématique a mis nombre d’entre-nous face à un dilemme moral, et le bel élan collectif que nous avions au départ a fait place au délitement des solidarités dans ce projet. Et puis les souvenirs que cette thématique soulevait étaient inconfortables pour beaucoup.  La vie était à construire ailleurs, il fallait avancer. Cette lettre avait servi à refermer une porte donnant sur un passé et des échos qui pointaient vers l’abîme si personnel que nous avions dû, chacun à  notre façon, dépasser, le plus souvent dans une relative solitude. Passé ce symbole, l’acte étant consommé, nous n’y fîmes rien de plus.

 D’autre part, au sein de cette Communauté, de laquelle nous continuions à nous éloigner, cette initiative a eu pour effet de rendre visible un conflit, un discours dérangeant. Comme n’importe quelle société, elle a réagi en élaborant, en guise d’anti-corps et pour garantir son intégrité, un discours niant en bloc soit la réalité des faits que nous dénoncions dans cette lettre, soit l’interprétation que l’on pouvait en faire. L’argumentaire mélait spiritualité religieuse et arguments psychologiques, visant dans ce cas à remettre en cause la santé mentale des femmes déclarant avoir vécu ces attouchements. Le divorce se consommait ici encore, mais d’une autre façon, d’un autre côté.

 Nous n’avons rien fait de plus, malgré quelques tentatives. Il nous aurait fallu assumer un discours public, accepter d’être à nouveau définis par cette identité que nous voulions oublier. Pour certaines, cela aurait signifié accepter de relater pour l’oreille anonyme un vécu beaucoup trop personnel. Pour d’autres, cela aurait signifié s’aliéner des gens au sein de leur propre famille, ce qui aurait mené à des situations invivables. Que dire de plus ?

 Peut-être que l’on se doit à la vérité, et surtout quand des semblables, des autres Soi déclarent des souffrances que l’on connait ou qui sont douloureuses rien qu’à imaginer. Et donc, c’est également ce processus que cet acte collectif a marqué, de manière plus ou moins forte, pour ceux qui s’y sont associés. La vérité est nue et pas forcément agréable à contempler. Mais tout un chacun s’y doit, et ce faisant, fait son chemin à travers les sentiers oubliés de ces souvenirs singuliers. Et ainsi, finalement, de cet espace de publication !

Duncan Idaho

#témoignages

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