Quel était les relations entre la direction OKC et Lama Kunzang ? Lettres au Lama Kunzang 3

Précieux Lama,

J’espère que le Lama va bien et que la nouvelle retraite est bien commencée. Comme nous n’avons toujours pas eu l’occasion d’en parler plus avant, je voudrais quand même ajouter quelques choses à ce que nous avons pu dire l’autre jour sur mon séjour au Portugal. C’est la raison pour laquelle je Vous écrit.

En ce qui concerne Kumar ce que je veux souligner ce n’est pas tellement le fait qu’il existe un conflit entre lui et moi. Le Lama a pris la peine de m’expliquer que je devais être au-dessus du conflit et que de toute façon j’y avais 70% de responsabilité. Je comprends la psychologie de Kumar et comment il justifie intérieurement la rivalité qu’il ressent pour moi. S’il ne s’agissait que de moi et qu’il n’avait jamais eu de problèmes avec d’autres personnes, je ne dirais certainement pas tout ce que je vais dire dans cette lettre.

Donc, ce que je voudrais faire ressortir, en prenant mon cas comme exemple parce que c’est celui que je connais le mieux, c’est que son attitude, en tant que directeur d’OKC au Portugal, est une mauvaise carte de visite pour OKC et le Lama, surtout en cette période. Ce qu’il fait avec moi, il l’a fait et continue de le faire avec beaucoup d’autres, frères et sœurs et élèves ou membres de l’UBP, qui n’ont pas toujours la possibilité karmique ou le courage de se manifester. Ce ne sont pas seulement quelques personnes, toujours les mêmes, qui ne l’aiment pas. Tout au long des années il a blessé beaucoup de gens, il leur a menti, il leur a fait des coups bas. Certaines personnes ce sont écartées tout simplement, d’autres assimilent le Lama et OKC à l’attitude de Kumar et ont donc une vision plutôt négative des choses.
En prenant donc mon cas comme exemple, voici quelques comportements qui me semblent exprimer mon point de vue.

Qu’il ait dit qu’il ne s’asseyait pas à la même table que moi ne me choque pas parce que c’est lui qui le dit et que c’est de moi qu’il parle. Ce qui me choque, et que je trouve regrettable, c’est qu’un disciple proche de Lama Kunzang dise cela d’un autre disciple proche, quelques soient les torts qu’il lui reproche.

Par ailleurs, et là je trouve encore plus grave, son attitude de défi dédaigneux à cette fameuse session de conclusion de la FNAC, magiquement parlant, a attiré et a, volontaire ou involontairement, fait le jeu de ces briseurs de Samaya (le dirigeant de cette New Kadampa School est venu s’asseoir à côté de lui), chez qui il s’est précipité à la fin, sans doute « pour rattraper la situation » (je parie que c’est ainsi qu’il l’a présenté). J’ouvre ici une parenthèse pour ajouter que, quoi qu’il en dise, il avait insisté avec Fernando pour qu’ils soient admis à l’UBP. Il n’a donc pas hésité à les frayer pour servir une sorte de « vengeance » (on se demande bien de quoi). A mon sens ce genre d’attitude est dangereuse pour la famille et brise le Samaya.

On peut penser que ce serait plutôt mon attitude qui aurait attiré la situation. Mais si c’était le cas, je n’aurais pas pu faire trois conférences, trois séminaires, au total 22h de cours, deux sessions pour les frères et sœurs à Loulé et quatre sessions pour les élèves sans qu’aucun problème ou conflit ne surgisse. Le fait que le seul moment où il y ait eu des difficultés soit le moment où il ait été présent me semble assez clair.
D’autre part le Lama peut comprendre que j’aie du mal à croire à la sincérité de Kumar lorsqu’il dit que c’est dommage d’amener les élèves à penser qu’il existe un problème entre nous. Si cela l’affligeait tant que cela il commencerait, par exemple, par ne pas affirmer devant, non seulement des élèves et mais aussi des personnes d’autres écoles, qu’il ne veut pas s’asseoir à la même table que moi.
Ceci veut bien dire qu’il n’hésite pas à raconter les histoires à sa manière au détriment de la vérité. Ou bien qu’il est totalement inconscient de ces réactions et de ce qu’elles provoquent chez les autres. Dans un cas comme dans l’autre, lorsque on sait qu’il s’agit du représentant officiel d’OKC et du Lama ce n’est peut-être pas l’idéal.

Encore au sujet de ces réunions avec les élèves je tiens aussi à préciser quelques points.

L’idée de ces réunions est née cet été. Des élèves du centre ayant pris refuge ont manifesté quelques regrets de mon départ du Portugal, me disant qu’ils se sentaient un peu abandonnés. Maria João (celle qui a écrit au Lama pour demander de faire une retraite) a mis sa maison à ma disposition pour réunir, de façon très informelle, ce groupe d’élèves qui se connaissent entre eux, en semaine et à des heures où il y a encore des cours de yoga au centre. Elle n’a pas mis sa maison à la disposition du centre pour y faire des cours ou des séminaires et elle ne souhaite pas rendre publique son adresse.
J’aurais pu prévenir Kumar de ces cours mais pourquoi ne pas l’avoir fait? Parce que j’entends garder le contrôle de la situation. Je veux savoir qui est invité pour pouvoir en assumer la responsabilité devant Maria João. Or, dès le moment où Kumar est au courant de quelque chose il interfère inévitablement, sans aucune considération pour les gens concernés et sans prévenir qui que se soit. La preuve : il a changé le nombre d’heures, le programme et le prix de mon séminaire sans me prévenir, sans rien me demander.

Si ne l’ai pas tenu au courant de ces cours ce n’est pas pour lui payer la monnaie de sa pièce, mais simplement pour essayer de préserver mon travail, pour le protéger. C’est exactement ce qui s’est passé avec Adarsha pendant tout le temps où j’ai été à Lisbonne. Il se mêlait constamment, créait des problèmes, des confusions, puis mettait tout sur notre compte. Au bout d’un moment j’ai commencé à essayer de protéger mon travail et je lui ai coupé l’accès à certaines choses. C’est de cela qu’il veut parler lorsqu’il dit qu’il a été « maltraité ».
Il s’est plaint également du fait que certains élèves se sont demandés pourquoi le centre n’était pas au courant de ces réunions. Mais c’est lui qui leur a insufflé l’idée que ce n’était pas normal, que celait voulait dire qu’il y avait un problème.

Maintenant au sujet de Fernando. J’ai bien compris qu’il essaye de mettre ses problèmes avec Fernando sur mon compte. Mais les différents entre eux ont commencé bien avant tout ceci, quand j’étais encore à Lisbonne, avant même Alcobaça. Je me souviens que déjà Fernando se plaignait de Kumar. Je l’ai écouté en essayant de minimiser la chose, mais il n’est pas toujours facile de trouver des arguments convainquants quand il s’agit de Kumar. Il a parfois un tel manque de respect, une telle façon de se servir des gens sans la moindre considération, que ce n’est pas facile d’apaiser quelqu’un qui lui en veut. Plus récemment les rapports entre eux ont empiré à cause des jeux de pouvoir au sein de l’Union Bouddhiste. Fernando a simplement cherché mon appui. Bien sûr, Fernando m’apprécie et quand il entend le genre de réflexions que Kumar fait à mon sujet cela ne l’aide pas à apaiser son ressentiment, mais ce n’est pas là la principale cause de leur mésentente.

Fernando est peut-être peureux, mais il est honnête et totalement dévoué au Lama et ne ferait jamais rien qui puisse porter préjudice à OKC. Au contraire, dans toute cette aventure de l’UBP il a essayé de servir les intérêts des Bouddhistes en général et de OKC en particulier et si Kumar l’avait aidé au lieu d’essayer de saboter son travail, il aurait même pu faire mieux. C’est de cela que je l’accuse, d’ailleurs : pour servir des vaines histoires d’orgueil portugais, des rivalités sans aucune raison d’être, Kumar se laisse aller jusqu’à porter préjudice à OKC.

A un niveau plus personnel l’image que, à travers lui, beaucoup d’élèves ont du centre n’est pas des meilleures. Teixeira, qui a envoyé le message et la pièce de monnaie, est venu aux quatre réunions d’élèves que j’ai faites. Il m’a dit qu’il n’avait jamais cessé de pratiquer mais qu’il s’était éloigné du centre parce qu’il n’y sentait pas beaucoup d’ouverture pour des gens comme lui, que l’on y créait trop d’obstacles à une pratique du Dharma telle que la sienne (je suppose qu’il veut dire qu’il n’a pas la disponibilité pour venir tous les jours aux prières ou venir aider au restaurant). Il m’a affirmé combien il avait été content de pouvoir pratiquer un peu avec nous et de pouvoir poser quelques questions.

Une autre élève s’est plainte que depuis ses débuts Kumar n’a cessé de créer des obstacles à sa présence aux enseignements.
A Funchal, une des personnes qui a organisé le séminaire, m’a dit qu’elle avait suivi des cours avec lui et qu’elle s’était dite que si le Dharma était aussi rigide et aussi froid, cela ne l’intéressait pas.
Depuis mon séjour à Lisbonne, du groupe d’élèves réguliers qui sont encore venus à mes sessions, plusieurs se sont éloignés du centre pour des raisons similaires.
Au cours de la semaine de la FNAC (encore elle), Fernando avait réparti le nombre de jours entre les Zen et nous.

Derrière son dos, Kumar a rempli tous les jours avec des trucs à lui et n’a laissé qu’un seul jour pour le Zen. Inutile de dire que les Zen étaient furieux. Or déjà Raphaël Triet, le maître qui dirige le Dojo Zen de Lisbonne et qui est disciple de Maître Deshimaru, avait éprouvé quelques réticences à appartenir à l’UBP à cause des problèmes que nous avons eus et parce qu’on lui avait dit que l’UBP, en fait, c’était l’OKC déguisée.

Le jour de la conclusion de la semaine bouddhiste à la FNAC Kumar a présenté la traduction du Bodhicaryavatara. Pendant son allocution il n’a pas éteint son GSM qui a sonné. En plein milieu de sa présentation, il a répondu à son appel téléphonique, ce qui représente, à mon sens une attitude très grossière.
Le Lama a souvent dit qu’il y a d’autres centres du Dharma où les gens peuvent aller pratiquer. Ce n’est pas le cas au Portugal. Bien sûr tous ces gens ne sont pas forcément de grands pratiquants, de grands yogis en puissance, mais ils cherchent quelque chose et je trouve qu’on doit pouvoir donner suite à leur besoin. Même si cela se passe à un niveau très superficiel, c’est une graine, et puis qui sommes-nous (Kumar ou moi) pour juger du niveau ou du potentiel des êtres. Les textes recommandent d’avoir une conduite qui attire les êtres, de parler doucement, d’agir sans agressivité. Ni Kumar ni moi nous ne sommes de grand Lamas dont l’activité prend parfois des formes un peu déroutantes. A notre niveau il s’agit surtout de transpirer une juste bienveillance, un équilibre, de montrer une attitude qui inspire du respect.

Malheureusement, j’ai constaté qu’il était inutile de lui dire quoi que ce soit. J’y ai totalement renoncé. Je ne parle plus avec lui, je me limite à l’écouter. Sa vision du monde est tellement particulière que tout pour lui est une arme d’attaque, tout contact un défi. Je ne lui connais aucune étique quand il s’agit de vaincre ceux qu’il voit comme des adversaires et chaque parole qu’on lui adresse est utilisée comme arme. Il ne m’inspire aucune confiance. Ma vision est peut-être totalement fausse mais elle est partagée par beaucoup d’autres personnes.

Le Lama dit souvent qu’Il prend les gens comme ils sont. Je sais bien qu’il n’est pas possible de changer Kumar, tout comme il n’est pas possible de me changer. Mais peut-être est-ce possible de limiter les dégâts. A partir de Son immense Compassion et du jeu de la Spontanéité le Lama trouve des solutions même dans les pires situations. Il y a peut-être moyen de trouver une stratégie qui diminue le pouvoir de Kumar, qui délimite son rayon d’action, qui l’empêche de faire trop d’erreurs vis à vis des êtres. Tout le monde aurait à y gagner, à commencer par lui-même.
Tout ceci est bien désagréable à dire, mais j’aimerais surtout que le Lama n’y voit pas une question personnelle. Je n’ai pas de compte à régler avec lui, je ne lui en veux pas, je ne pense pas qu’il soit « méchant », et de toute façon qui suis-je pour juger ses actions ?

Je trouve simplement qu’il n’est pas prudent de laisser quelqu’un agir comme cela en tant que président d’OKC, que cela nuit à OKC et au Lama et que l’on aurait tout intérêt à montrer une image qui ne soit pas aussi sectaire.

Je trouve dommage également qu’il commence à être officiellement associé à Shechen car il est trop connu au Portugal et pas de la bonne manière. Cela ne fait pas une bonne carte de visite pour ni Rabjam Rinpoche ni pour Shechen.

Toutes ces considérations sont, bien entendu, très loin de l’Essentiel. Des histoires de politique, des histoires médiocres, des histoires d’êtres humains et d’une époque misérable. Mais à un certain niveau elles existent, elles ont eu le pouvoir de mettre le Lama en prison. Elles ne nous empêchent pas de vivre, mais on ferait bien sans. Peut-être donc méritent-elles quelque attention.

 

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